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Les relations Kosovo-Suisse vont au-delà du football

A l'occasion du 6ème anniversaire de l'indépendance kosovare, une réception a été organisée à l'Ambassade kosovare à Berne. Un nombre important d'ambassadeurs accrédités en Suisse, de personnalités politiques suisses et kosovares s'y sont rencontrées.

Le succès et la renommée des joueurs albanais évoluant dans l’équipe de football suisse continue à être la principale référence lorsqu’il est question de la bonne intégration de la communauté kosovare en Suisse. C’est l’exemple mobilisé par l’ambassadeur kosovar à Berne, Naim Malaj, dans son discours lors de la soirée organisée en l’honneur du 6ème anniversaire de l’indépendance kosovare.

« Plus de la moitié des joueurs de l’équipe suisse sont d’origine albanaise. Plus que cela, ils sont les meilleurs parmi les meilleurs », a déclaré l’ambassadeur, ajoutant que « les Kosovars de Suisse et les Suisses du Kosovo, tous se réjouissent des résultats de l’équipe helvétique ». Le Kosovo n’ayant pas l’opportunité de prendre part à la prochaine Coupe du Monde, « il sera indirectement représenté au Brésil par l’équipe Suisse ».

Mais les footballeurs ne sont de loin pas les seuls à faire ce lien entre les deux pays. « Beaucoup d’associations contribuent à faire ce travail, comme Albinfo.ch, Iseal, UPA, Lapsh, l’Assemblée des Albanais de Suisse, etc », a déclaré l’ambassadeur Malaj. Parmi les invités venant du Kosovo, le ministre du Développement économique, Fadil Ismajli et le député Elmi Reçica étaient présents.

Parmi les invités de la soirée, l’ambassadeur de la République Dominicaine, Huan Alcantara. Il a répondu avec plaisir aux questions d’albinfo.ch. « La République Dominicaine est le premier Etat à avoir reconnu l’indépendance du Kosovo. Nous sommes très heureux d’avoir reconnu ce pays formidable, et je pense que le Kosovo a fait beaucoup de progrès en six ans. Je ne pense pas qu’il doive faire face à des problèmes insurmontables. Je lui souhaite un excellent anniversaire, et j’espère avoir un jour l’occasion de visiter le pays », a-t-il conclu.

Rolf Debrunner connait bien le Kosovo. Il y a quelques années de cela, il a contribué à ce que soit posé une plaque avec la mention « Merci, Suisse » sur une avenue dans la ville de Zurich. « J’apprécie le fait que la nouvelle génération de Kosovars soit de plus en plus impliquée dans la société et la vie économique suisse. Il est bon pour l’avenir du Kosovo que le pays se tourne vers les valeurs occidentales. Mais malheureusement, un nombre important de diplômés souhaitent quitter le pays pour travailler à l’étranger. Il faut faire en sorte que ces personnes retournent au Kosovo pour contribuer au développement du pays », a-t-il déclaré.

Omer Xhemajli, le premier médecin albanais à avoir effectué une transplantation cardiaque était également présent à cette cérémonie. Le dr. Xhemajli travaille à l’hôpital de Zurich. Pour lui, ce 6ème anniversaire est un signe de succès pour les années à venir. « Lorsque l’on prend en considération les éléments historiques, et les outils dont dispose le Kosovo, l’on remarque que le pays a fait de grands pas en avant. Nous, en tant qu’Albanais de Macédoine, nous regardons le Kosovo avec admiration. Nous espérons pouvoir en arriver là un jour, nous aussi », a déclaré le dr Xhemajli à albinfo.ch

Le professeur de sciences politiques de l’Université de Prishtina, Afrim Hoti, était présent en qualité de conseiller du ministre kosovar du Développement économique. Pour Hoti, le seul fait que ce sixième anniversaire soit célébré dans une ambassade kosovare est un signe de succès. « Cependant, ces six années ont été marquées par de grandes opportunités et des résultats modestes. Il faut mentionner les obstacles objectifs, tel que la difficulté de se faire reconnaitre comme Etat souverain », a expliqué Hoti. Pour lui, les problèmes rencontrés par le Kosovo sont ceux des sociétés en transition.

L’avocat Jeton Kryeziu, président de l’Assemblée des Albanais de Suisse, ne partage pas cet optimisme. Selon lui, le Kosovo aurait pu aller beaucoup plus loin en six ans. Il regarde d’un oeil particulièrement critique la négligence dont font preuve les autorités publiques du pays. Les autorisations données à des institutions étrangères pour que celles-ci enquêtent au Kosovo est l’un des exemples de l’avocat, ainsi que l’annulation de la part de la Suisse de la convention de sécurité sociale avec le Kosovo. Une autre déception : « Cela fait des années que l’on entend parler de sièges réservés à des représentants de la diaspora au Parlement kosovar. Mais rien n’a été encore fait dans cette direction ». Pour Jeton Kryeziu, s’il y a quelques succès à souligner, il reste cependant encore beaucoup de travail à faire au Kosovo.