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Le Kosovo en mal d’investissements étrangers directs

Selon les données de la Banque centrale du Kosovo (BQK), les investissements étrangers directs au Kosovo auraient baissé de 200 millions d'euros entre 2007 et 2013. Le Kosovo reste le pays de la région le moins bien loti en la matière.

L’année passée a été marquée par le taux d’investissements étrangers directs le plus bas depuis 2005. Pour les experts de l’économie, cette mauvaise passe peut s’expliquer par la crise économique ainsi que par des lois mal adaptées.

Si le ministère kosovar du Commerce et de l’Industrie affirme avoir fait des efforts afin d’améliorer le climat entrepreneurial du pays, les chiffres montrent le contraire : les investissements étrangers directs sont tombés à 4,3 % du PIB. Pour Valdrin Llula, responsable de l’Agence pour la Promotion des Investissements, cette baisse est liée à la crise économique en Europe.

Croissance économique de 4,5 %

A l’occasion d’une conférence de la Banque européenne pour les Investissements, le Premier ministre Hashim Thaçi a déclaré que le Kosovo avait sensiblement amélioré le climat entrepreneurial du mondes des affaires et que le pays connaissait actuellement une croissance économique de 4,5 %.

Cependant, selon les experts du Groupe d’Etude juridique et politique (GSJP), les chiffres positifs de la dernière décennie ne permettraient pas de croire à une croissance économique sans qu’il ne soit nécessaire de stimuler le secteur privé et les investissements. Pour Arbëresha Loxha, du GSJP, l’arrivée d’investisseurs étrangers est une nécessité. « Les investisseurs continuent à regarder le Kosovo d’un mauvais oeil », a-t-elle déploré lors d’une conférence du GSJP

Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Bernard Nikaj, a quant à lui expliqué que le gouvernement avait facilité les processus administratifs nécessaires pour l’enregistrement d’une entreprise : ces formalités auraient été raccourcies, passant de 52 à 3 jours seulement.

La crise économique a endormi le Kosovo

Naim Gashi est professeur d’économie à l’Université de Mitrovica. Selon lui, la crise économique qui sévit en Europe et dans le monde depuis quelques années n’a pas touché uniquement les investissements étrangers au Kosovo, mais s’étend également dans les pays de la région. « Lorsqu’il y a des turbulences sur le marché financier global, les investisseurs prennent peur », a-t-il expliqué. Selon lui, les pays d’Europe de l’Est comme le Kosovo attirent les investissements étrangers lors de grandes privatisations dans les secteurs de l’énergie, des minerais ou de la télécommunication. Dans le cas du Kosovo, l’échec de la privatisation des PTK l’année passée a porté un coup aux chiffres mesurant l’entrée des investissements étrangers sur le territoire national.

Pour l’économiste, le problème ne réside pas dans la fuite des investissements étrangers, mais dans leur hésitation à venir s’installer dans le pays. « Le problème principal réside dans la loi. Il faudrait baisser les taux d’intérêts bancaires, améliorer les infrastructures, stabiliser les systèmes de distribution en énergie, simplifier les procédures bureaucratiques, etc », a-t-il ajouté.

Pour le président de la Chambre économique américaine au Kosovo, Arian Zeka, le statut politique un peu flou du Kosovo fait également partie du problème. « Ce qui est paradoxal, c’est que l’arrivée d’investissements étrangers était plus forte durant les quelques années précédant la déclaration de l’indépendante que durant les quelques années après. Evidemment, cela correspond également à l’avènement de la crise économique dans le monde et notamment en Europe, là d’où une part très importante des investissements directs viennent », a expliqué Zeka.

Le Kosovo, mal en point au niveau de la loi

Selon lui, les pays de la région auraient mené une campagne plus agressive afin d’attirer les investisseurs étrangers. « Cette campagne a été accompagnée d’avantages fiscaux et monétaires importants qui ont plu aux investisseurs étrangers. Chez nous, les avancées se sont faites au niveau de la simplification des démarches bureaucratiques, mais dans la pratique, notamment au niveau de la loi et du respect des contrats, nous n’avons pas effectué de grands progrès », a-t-il ajouté.

Pour lui le gouvernement kosovar devrait mettre en place un nouveau plan afin de rendre le pays attractif, notamment au niveau fiscal. « Les politiques fiscales doivent être revues afin d’être attractives pour le secteur de la production, un des domaines ayant le plus de potentiel aux yeux des investisseurs étrangers », a-t-il conclu.