News

Carnet de route au Kosovo (5): changer la vie pour 1000 francs seulement!

  • Foto: Marie Deschenaux

  • Foto: Marie Deschenauxc

  • Foto: Marie Deschenaux

  • Foto: Marie Deschenaux

  • Foto: Marie Deschenaux

  • Foto: Marie Deschenaux

  • Foto: Marie Deschenaux

  • Foto: Marie Deschenaux

  • Foto: Marie Deschenaux

Les étudiantes du gymnase de Burier qui nous accompagnaient sont parties ce matin avec Jacques, leur maître de géographie. Nous nous sentions bien seuls, mais l’accueil de nos hôtes du jour a été si chaleureux qu’ils nous ont vite donné l’impression que nous avions retrouvé de nouveaux amis. En lettres grasses sur l’ordre du jour: Mitrovica. Une ville encore coupée en deux, les habitants serbes du nord ne veulent pas être kosovars. La police est partout, la KFOR (armée de l’OTAN au Kosovo) également. Dans l’un des quartiers où vit la population la plus pauvre, nous rejoignons une minuscule maison faite de tôles empilées, coincée entre deux modestes bâtiments en briques. Un portail usé suivi d’un vieux rideau font office de porte d’entrée. «Cette famille fait partie des nombreuses que nous essayons d’aider car elle devait mendier ou travailler dans la rue avec les enfants pour manger», nous souffle Zija, l’un des employés de Terre des hommes, juste avant de sortir du véhicule. Le père de famille qui nous accueille avec ses deux enfants est tout sourire, il vient d’apprendre qu’il aura du boulot cet après-midi. Ce trentenaire est aujourd’hui plombier spécialisé dans le débouchage de tuyauterie. Ses outils? Trois longs fils de fer rouillés de tailles différentes qui, avec une bonne dose de persévérance, font paraît-il des miracles. «Si je peux pratiquer mon métier, c’est grâce au don de 500 euros que Terre des hommes m’a fait et au crédit de la même somme qu’ils m’ont aidé à obtenir», annonce-t-il d’emblée. Cet argent lui a permis d’acheter une vieille voiture grise un peu rouillée qu’il utilise avec tout le soin du monde et entrepose fièrement en face de sa maison.

D’un jour à l’autre

Grâce à ce simple véhicule, il a pu enfin gagner un salaire et ainsi envoyer ses enfants à l’école. «C’était le seul but de ma vie. Je veux leur offrir une meilleure vie que moi», nous confie-t-il en nous montrant l’intérieur de sa maison: une seule pièce de 30 mètres carrés de béton recouvert de tapis élimés. Aujourd’hui, non seulement, il a pu rembourser le crédit de sa voiture avec de l’avance, mais il prévoit également de construire lui-même sa propre maison sur un terrain proche. Il insiste pour nous le montrer puis déambule sur les fondations pour nous montrer où se trouveront la cuisine et les chambres des enfants. Il y met tant d’enthousiasme qu’on dirait un agent immobilier tentant de nous vendre une construction sur plan. Je souris, il éclate de rire. Jamais 1000 francs, dont la moitié a été remboursée, n’auront à ce point changé la vie d’une famille.