Projet de rapport sur les progrès du Kosovo: des avancées limitées en raison de l’impasse politique

Flags of the European Union wave in front of the European Commission building in Brussels, June 8, 2011, The city of Brussels hosts the headquarters of the European Union. (KEYSTONE/Martin Ruetschi)

Les progrès du Kosova dans l’agenda de l’Union européenne sont freinés par des politiques internes divisives et par l’impasse politique suite aux élections parlementaires du 9 février, bien que le pays soit engagé sur la voie européenne, avec un niveau de soutien public élevé.

Tel est le constat dans un projet de rapport de progrès pour 2024 concernant le Kosovo, obtenu par Radio Evropa e Lirë.
L’UE élabore ces rapports pour les pays qui aspirent à rejoindre le bloc européen.
Contrairement à d’autres pays des Balkans occidentaux, le Kosovo ne dispose pas du statut de pays candidat, bien qu’il ait déposé une demande d’adhésion en décembre 2022.
Le document mentionne que le Kosovo a volontairement aligné sa politique extérieure sur celle de l’UE, ce qui témoigne d’un engagement clair envers ses valeurs, démarche saluée.
Parmi les autres points, le projet de rapport indique que la Commission européenne a entamé les premières mesures en vue de la levée progressive des sanctions.
Le Kosovo avait été sanctionné par l’UE à l’été 2023, l’Union ayant estimé que les autorités kosovares n’avaient pas suffisamment empêché les violences survenues dans le nord à majorité serbe.
” Les prochaines étapes dépendront de la désescalade persistante au nord. La Commission vise à lever les mesures financières quand une gouvernance locale régulière dans le nord sera assurée, après les élections tenues. “
Lors des élections locales du 12 octobre, les quatre communes à majorité serbe du nord  Mitrovica e Veriu, Zveçan, Leposaviq et Zubin Potok  ont été remportées par la Lista Serbe, le principal parti des Serbes du Kosovo, soutenu par Belgrade.
Ces communes étaient administrées par des élus albanais depuis 2022, après que des responsables serbes aient abandonné les institutions kosovares en signe de protestation contre certaines décisions du gouvernement.
Un rapport publié en mai par l’GAP Institute à Prishtinë a révélé que les sanctions de l’UE ont coûté au Kosovo environ 613,4 millions d’euros pour des projets suspendus ou différés indéfiniment. Sur cette somme, 7,1 millions sont perdus définitivement, les secteurs les plus touchés étant : l’environnement, l’énergie, la numérisation et la culture.
Le projet de rapport de l’UE évoque aussi le dialogue entre le Kosovo et la Serbia en vue de la normalisation, médié par l’UE.
Les deux pays sont invités à mettre en œuvre toutes les obligations découlant de l’accord de normalisation conclu en 2023 et de son annexe d’application, également conclue cette année-là.
Il est demandé au Kosovo de s’engager à trouver des solutions durables afin que toutes les communautés aient accès aux services publics de base, conformément aux obligations du dialogue lancé dès 2011.
Le dialogue au haut niveau s’est tenu pour la dernière fois en septembre 2023, tandis que par le passé plusieurs réunions techniques ont eu lieu sans qu’un accord concret n’en résulte.

Concernant la Serbie, il est mentionné que ce pays, malgré l’ouverture de 22 des 35 chapitres de négociations d’adhésion, doit assumer davantage de responsabilités pour communiquer de façon proactive et objective dans le processus, et éviter une rhétorique hostile à l’UE.
” Le polarisation de la société serbe s’est approfondie à cause de manifestations massives organisées par des étudiants et citoyens depuis novembre 2024, reflétant la déception des citoyens sur des questions comme la corruption, le manque de transparence et de redevabilité, accompagnées par des cas d’usage excessif de la force contre les manifestants ainsi que des pressions sur la société civile. “
En outre, la Serbie est critiquée pour le non-alignement de sa politique extérieure sur celle de l’UE, pour ses tentatives de réduire l’indépendance du pouvoir judiciaire et pour les restrictions aux libertés de réunion et d’expression.
Concernant l’Shqipëria, l’Union mentionne que le processus d’élargissement connaît une cadence sans précédent depuis quinze ans, et que depuis début 2024 onze conférences intergouvernementales ont été organisées  dont cinq avec l’Albanie.
L’Albanie est citée pour un progrès important dans les réformes, ayant ouvert rapidement cinq groupes de chapitres de négociation.
Ce progrès ” réflette l’engagement élevé de l’Albanie. Le pays a continué d’enregistrer des progrès dans les réformes, particulièrement dans la réforme globale de la justice et l’achèvement du processus de “vetting” “, précise le projet de rapport.
L’Albanie a également exprimé l’ambition de clore toutes les négociations d’adhésion d’ici 2027, et la Commission européenne s’est dite engagée à soutenir les États dans l’atteinte des conditions nécessaires, le processus reposant uniquement sur le principe du mérite.
Concernant d’autres pays des Balkans, le Mali i Zi est décrit comme ayant réalisé les progrès les plus nets dans le processus d’adhésion à l’UE, en ouvrant presque tous les chapitres nécessaires et en en clôturant sept.
Comme l’Albanie, le Monténégro, la Maqedonia e Veriut et la Bosnja ‑ Hercegovina sont salués pour l’alignement de leur politique extérieure sur celle de l’UE.
Pour la Macédoine du Nord, il est indiqué que ce pays n’a pas encore adopté les changements constitutionnels nécessaires pour inclure les résidents des zones frontalières qui s’identifient à d’autres citoyennetés, notamment bulgare.
La Bosnie-Herzégovine est critiquée pour les tensions internes tout au long de 2024 provoquées par les actions de l’Republika Srpska.
L’UE souligne que, à mesure que les futurs États membres se préparent à leurs responsabilités d’adhésion, l’Union doit s’habituer à une famille élargie et travailler à l’exécution des tâches requises.
La dernière adhésion à l’Union remonte à la Kroacia en 2013./REL