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L’ancien chef de l’opposition retenu dans une prison de haute sécurité

Des policiers armés et portant des gilets pare-balles sont entrés violemment au siège de l’opposition à Prishtina et ont arrêté l’ancien dirigeant du parti Vetëvendosje (Autodétermination), Albin Kurti, ainsi que 95 militants du parti. La situation au Kosovo est très tendue.

Albin Kurti, ancien dirigeant du parti Vetëvendosje, le plus grand parti d’opposition au Kosovo, a été arrêté samedi soir. L’opération a été menée par des dizaines de policiers de l’unité spéciale du Kosovo, afin d’appliquer un mandat d’arrêt délivré à son encontre.

C’est la plus coriace des interventions de la police du Kosovo envers un parti et un membre de l’Assemblée du Kosovo. Kurti, lors des dernières élections, était le troisième député en termes de nombre de votes récoltés au niveau national, juste derrière le vice-Premier ministre Hashim Thaci et le Premier ministre Isa Mustafa.

Il a été arrêté sur suspicion d’avoir commis une infraction pénale en allumant la mèche d’un engin disséminant du gaz lacrymogène à l’intérieur de la salle de l’Assemblée et d’avoir utilisé un spray au poivre sur les députés et les ministres du gouvernement. Kurti a réagi de la sorte en opposition aux deux derniers accords passés par les chefs du gouvernement concernant l’Association des municipalités à majorité serbe et la démarcation de la frontière avec le Monténégro.

Kurti et les membres des autres partis d’opposition justifient leur interruption violente des sessions parlementaires de par le fait que les conséquences des récents accords du Kosovo sont de créer une « République Srpsak » en son sein et de céder au Monténégro plus de 10 mille hectares de terres.

L’arrestation de l’ancien chef de l’opposition est intervenue après une manifestation pacifique organisée par les trois partis politiques, l’Autodétermination, l’Alliance pour l’avenir du Kosovo et l’Initiative pour le Kosovo, qui s’opposent aux accords.

Selon l’opposition, lors de la manifestation qui a été organisée le 28 novembre, le jour de la fête du drapeau albanais, environ 35 mille manifestants étaient présents et c’était la protestation la plus pacifique qui a eu lieu ces dernières années.

Mais ce qui a irrité le plus la police et la coalition au pouvoir est l’apparition de Kurti devant le public.

Kurti, vêtu d’habits de sport, s’est adressé aux manifestants et a qualifié de nocifs les deux accords récents du gouvernement. Il a dit que ces derniers ne devraient « jamais être mis en œuvre ». L’union nationale, il la considère comme un processus naturel, qui selon lui, ne devrait pas les empêcher d’adhérer à l’Union européenne.

Le chef de l’AAK et ancien Premier ministre Ramush Haradinaj a rappelé des vers de l’écrivain et poète Ali Podrimja : « Le Kosovo est mon sang et je ne le donne pas ». Selon lui, le Kosovo est aujourd’hui humilié et épuisé économiquement par les actions du gouvernement actuel.

Le dirigeant du parti « l’Initiative pour le Kosovo », Fatmir Limaj, après avoir salué le peuple du Kosovo à l’occasion du Jour du drapeau, a déclaré que la réunion des citoyens pour cet événement n’a pas eu lieu contre quiconque de spécifique, mais pour protéger l’indépendance du Kosovo. « Il n’y a pas de conflit interne. Les citoyens sont en conflit avec les deux accords qui sont contre le Kosovo », a déclaré Limaj.

Après l’arrestation, Albin Kurti a écopé d’une mesure de garde à vue de 30 jours et a été envoyé à Gërdec, prison de haute sécurité de la municipalité de Prishtina. Dans cette prison, il n’y a que des condamnés pour de graves délits.

L’arrestation de Kurti a suscité de nombreuses réactions à Prishtina.

L’académicien Rexhep Qosja a déclaré que tout cela était une honte pour le gouvernement et il appelle la prison de Gërdec la « Bastille du Kosovo ». « La prison de haute sécurité ou la “Bastille du Kosovo” a été créée pour les criminels et non pas pour les défenseurs de la République et de l’intégrité politique, nationale et territoriale du Kosovo ».

Le vice-président du parti Vetëvendosje, Shpend Ahmeti, a déclaré que les policiers qui sont entrés avec violence au siège de son parti, « sont immergés sous les crédits et n’ont pas d’assurance de santé, tout comme la plupart des citoyens du Kosovo ».

L’arrestation de Kurti a mis encore un peu plus en colère l’opposition, qui boycottera la prochaine session plénière de l’Assemblée. Le gouvernement n’a pas fait de déclaration à ce sujet. Ils ont par ailleurs dit que l’arrestation d’Albin Kurti est une décision de justice qui n’a rien à voir avec le gouvernement.