France 2016

Joue-la comme Xhaka et Shaqiri, disent les parents

Un grand nombre de jeunes d’origine albanaise en Suisse rêvent de ressembler un jour à leurs idoles de la Nati, soutenus par leurs parents parfois jusqu’à l’excès

Les stars de football Shaqiri et Xhaka sont des objets de culte et d’inspiration pour beaucoup d’enfants et de jeunes d’origine albanaise. Le grand nombre d’Albano-Suisses licenciés dans les clubs de football helvétiques en atteste. Albin Hoti a 14 ans et est issu d’une famille de migrants de Rahovec, au Kosovo. Il joue pour Grasshoppers Zurich et défend les couleurs suisses dans la sélection nationale des moins de 15 ans, les M15. Cette catégorie compte sept autres Suisses d’origine albanaise, et cette proportion se retrouve dans toutes les tranches d’âge. Au total, les «secondos» sont plus de cinquante à porter le maillot rouge à croix blanche.

De nombreux jeunes se projettent ainsi déjà dans une position comparable à celle de Shaqiri, de Xhaka ou de Mehmedi. Pour concrétiser ce «plan de carrière», il faut du talent, une forte volonté et un soutien inconditionnel des parents, qui se transforme parfois – revers de la médaille – en une pression bien réelle. L’effet pervers du succès des joueurs d’origine albanaise en équipe de Suisse est de laisser penser que le seul moyen de réussir dans la vie est de réussir dans le football. Mais les principaux intéressés vivent tout cela avec une légèreté tout enfantine.

«La Suisse a tant donné»

Lorik Demiri et Leonit Popova sont âgés de 14 et 11 ans, et vivent respectivement à Zurich et Mönchengladbach (en Allemagne). Tout comme Albin, ils sont de grands fans des joueurs de la Nati. Lorik tient tout particulièrement aux photos le montrant en train de jouer avec Shaqiri, lors d’une de ses visites à Zurich. Leonit, lui, nous montre fièrement des photos où il se tient à côté de son idole, Granit Xhaka. Il s’estime chanceux que la star ait joué trois ans dans le même club que lui.

Albin aime tout autant Xherdan Shaqiri que Granit Xhaka, et apprécie également son frère Taulant, qui joue pour l’équipe nationale albanaise. Il a d’ailleurs déjà un avis sur le fameux choix de la nation à représenter: «Je pense que ceux qui jouent pour la Suisse ont raison, parce qu’elle leur a tant donné.» Albin nous précise ensuite avoir été encouragé à jouer au football par ses parents.

Ceci est représentatif du phénomène bien connu des parents albanais poussant leurs enfants à jouer au football. Afin de les soutenir, ils n’hésitent pas à faire de nombreux sacrifices, que ce soit de façon pécuniaire ou en donnant de leur temps. Mais au vu des rémunérations phénoménales des joueurs d’élite, la question se pose de savoir si la motivation ne tient qu’à l’amour du sport. Mais Albin est très clair à ce sujet: «Le foot est ma passion, c’est quand je me trouve sur la pelouse verte que je suis le plus heureux!»

L’ambition de devenir pro

«Je joue au football parce que j’y prends plaisir, quant à l’argent… Je ne sais pas quoi répondre, glisse Leonit Popova. Mon rêve, c’est de jouer un jour en tant que professionnel. Xhaka et Shaqiri sont ses idoles incontestables, parce qu’ils ont un jeu excellent et puissant d’une part, et d’autre part parce que leurs parents viennent du Kosovo, tout comme les miens. D’ailleurs, mon père est très ami avec Granit.»

«Je joue au football depuis l’âge de 5 ans, glisse Lorik Demiri, qui joue depuis environ un an pour Juventus Zurich. Bien sûr que j’ai l’ambition d’un jour jouer professionnellement.» Pour lui, les stars du football albano-suisses «ont tout donné pour devenir les footballeurs pro qu’ils sont aujourd’hui, mais pour y parvenir, ils avaient aussi le talent nécessaire».

Lors de toutes les rencontres où se trouvent les stars albanaises de la Nati, on voit aussi de plus en plus de filles. Elles rêvent de rencontrer leurs stars préférées. Anisa Halili, 11 ans, de Rorchach, originaire de Preshevë-Presevo, une région du sud de la Serbie à forte représentation albanophone, a pu réaliser son rêve lorsque Granit Xhaka, son joueur préféré, est passé dans sa ville pour un événement sportif. Après avoir fait la queue parmi des centaines de personnes, elle a été récompensée: «Je suis très heureuse d’avoir réussi à obtenir un autographe et une photo avec mon idole.»

Traduction: Vera Kika.

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Article paru dans « Le Temps », dans le cadre d’une opération commune avec « Albinfo.ch »