Allocution du 1er août de la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter

Notre prospérité, notre liberté ainsi que nos avancées politiques et sociales ne tombent toutefois pas du ciel et ne sont de loin pas acquises

Chères concitoyennes, chers concitoyens,

Je suis à Wil, ma commune de résidence, devant l’étang municipal.

Cette ville de Suisse orientale revêt une grande importance non seulement pour moi, mais aussi pour notre pays. C’est au Hof zu Wil que les treize cantons de l’ancienne Confédération adoptèrent en 1647 la première ordonnance militaire, intitulée le Défensional de Wil.

Cet accord marque la naissance de l’armée suisse et de la neutralité armée du pays. Il a été conclu à la fin de la guerre de Trente Ans, alors que les tensions religieuses s’accentuaient en Suisse comme ailleurs et que les conflits faisant rage à la frontière du Rhin menaçaient de déborder sur le territoire des confédérés.

Heureusement, aujourd’hui, aucun risque d’intervention militaire ne pèse directement sur notre pays. Néanmoins, les guerres en Europe et au Proche-Orient ont repris, ce qui n’est pas sans conséquence pour la Suisse et nous met face à d’importants défis.

Une deuxième analogie avec la guerre de Trente Ans m’est venue à l’esprit :

Dans son roman baroque et picaresque « Simplicissimus », l’auteur allemand von Grimmelshausen décrit la Suisse comme une île paisible au cœur d’une Europe déchirée par les guerres, comme un paradis sur terre où personne n’a à craindre pour ses biens ou sa vie.

Ne sommes-nous pas aujourd’hui aussi des privilégiés au cœur d’un monde marqué par les conflits armés, les guerres commerciales, l’érosion de la démocratie et des dettes étatiques colossales ?

Chères concitoyennes, chers concitoyens,

La Suisse se porte bien, et même très bien en comparaison avec de nombreux autres pays, même des pays d’Europe.

C’est en particulier à notre culture politique, à notre système économique libéral et à notre force de cohésion fédérale que nous le devons.

Notre prospérité, notre liberté ainsi que nos avancées politiques et sociales ne tombent toutefois pas du ciel et ne sont de loin pas acquises.

Nous qui vivons dans un pays que l’on dit né d’une volonté politique commune devons les vouloir et nous engager pour elles, dans la vie privée, au travail, au sein de la communauté et dans la politique.

Je suis convaincue que les conditions sont réunies pour continuer à écrire l’histoire du succès de notre pays.

Pour cela, il nous faut prendre soin de nos institutions et de notre culture politique, qui promeuvent le dialogue, le principe de la concordance, la diversité, la solidarité et la subsidiarité.

Nous devons également maintenir notre système libéral, qui laisse aux individus et aux entreprises suffisamment d’espace pour se développer, mais requiert qu’ils assument la responsabilité de leurs actes.

On dit que chacun est l’architecte de sa propre fortune.

Les personnes prêtes à fournir des efforts et à s’engager pourront encore mener une bonne vie. Même si le succès, outre un certain talent, demande aussi une pincée de chance.

Comme à la fin de la guerre de Trente Ans, lorsque la Confédération, presque entièrement épargnée sur le plan militaire, a acquis le statut d’État souverain en vertu des traités de paix de Westphalie de 1648.

Les talents de nos ancêtres et une pointe de chance ont fait de la Suisse ce qu’elle est aujourd’hui.

À l’occasion de la fête nationale, nous devrions donc nous montrer fiers de notre pays, tout en faisant preuve d’une certaine humilité et surtout en gardant en tête que nous restons les architectes de notre propre fortune.

Je vous souhaite un magnifique 1^er août !

---