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Guy Mettan « Je n’ai jamais voulu offenser la population albanaise de Suisse »
Guy Mettan, ancien journaliste et politicien genevois a tenu, dans les médias suisse-romands, à plusieurs reprises, des propos durs, provoquants, voire négationnistes envers le Kosovo.

Ses positions et son point de vue corroborent curieusement les visions politiques des nationalistes russes et serbes sur l’Ukraine et le Kosovo. Les déclarations de Guy Mettan ont ému les Albanais de Suisse, notamment lorsqu’il tente de relativiser les responsabilités et l’ampleur du drame qui a frappé la population albanaise durant la guerre du Kosovo, alors qu’elle était victime d’un plan génocidaire (assassinats et viols massifs, nettoyages ethniques des populations albanaises, sans parler des destructions massives) soigneusement planifié et mis en pratique par l’ancien dictateur serbe Slobodan Milosevic.
Tout en se défendant de ne pas avoir voulu offenser la population albanaise en Suisse, Guy Mettan continue à questionner le statut des victimes civiles innocentes du massacre de Raçak. Nous publions pour nos lecteurs intégralité de l’interview qu’il a accordé à la plateforme Albinfo.ch online & print.
Albinfo.ch : La Communauté albanaise de Suisse est indignée par vos propos révisionnistes vis-à-vis du génocide envers la population albanaise du Kosovo, planifié et mis en place par l’Etat serbe durant la guerre au Kosovo 1999. Pourquoi vous tenez une telle ligne pro-nationaliste serbe et russe ?
Guy Mettan : Tout d’abord merci pour vos questions. Je pense en effet que dans tous les cas, même les plus difficiles, il est important de discuter. Pour répondre à votre question, je n’ai pas de ligne pro-serbe, pro-russe ni pro qui que ce soit. J’ai d’ailleurs déploré l’attaque russe en Ukraine que je trouve regrettable à tous égards. En revanche, je suis attaché à la précision des faits et à la nécessité d’en comprendre les causes. Concernant le Kosovo que j’ai eu l’occasion de visiter il y a trois ans, je considère qu’il a été victime d’exactions, mais que certains de ses combattants ont également commis des actes inadmissibles comme en témoignent le livre de l’ancien député suisse et rapporteur au Conseil de l’Europe, M. Dick Marty (Une certaine idée de la justice : Tchétchénie, CIA, Kosovo, drogue. Favre, 2018) et l’inculpation de l’ancien leader de l’UCK et président du Kosovo M. Hashim Thaçi par le Tribunal de la Haye concernant les crimes de guerre à la fin des années 1990.
Albinfo.ch :Sur la base de plusieurs sources, une action en justice contre vous, pour négationnisme et intolérance sera entreprise par plusieurs associations de la diaspora albanaise en Suisse. Qu’est-ce que vous leur répondez ?
Guy Mettan : Je regretterais naturellement cette action si elle devait se produire. Le cas échéant, je défendrai mon point de vue, d’autant plus que j’ai moi aussi été victime d’insultes et de menaces et que je me réserve une action en justice. Dans tous les cas, je rappelle que je n’ai jamais eu l’intention d’offenser la communauté albanaise de Suisse qui, comme toute partie à une guerre, quelle qu’elle soit, a beaucoup souffert.
Albinfo.ch : Nombreux de vos compatriotes d’origine albanaise sont bouleversés par vos propos négationnistes, alors qu’ils ont perdu des membres de leur famille à Reçak même ou ailleurs au Kosovo. Cela vous touche-t-il ?
Guy Mettan : Je n’ai à aucun moment tenu de propos négationniste. Concernant le cas de Raçak, je n’ai à aucun moment nié que plusieurs dizaines de personnes y avaient été tuées. Ce que j’ai voulu dire est que l’enquête qui a été effectuée par la suite n’a pas établi qu’il s’agissait d’un massacre de civils innocents, tel que ce fut le cas, hélas, à Srebreniça, et que cette version des faits est toujours controversée. Or, à l’époque, c’est cette version qui a été diffusée et qui a servi à justifier le bombardement de la Serbie. Je déplore ce qui s’est passé à Raçak et adresse toutes mes sympathies aux familles des victimes, mais je pense qu’il est important de ne pas déformer les faits tels qu’ils sont connus aujourd’hui.
Albinfo.ch :Vos propos aveugles pro-russes ont indigné la toile face au drame ukrainien. C’est une perspective d’un politicien conservateur et qui ne reflète pas nécessaires les valeurs du PDC. Que reste-t-il de votre éthique d’ancien journaliste et ancien chef du Club suisse de la presse ? Y’a t-il un risque de discrédit du travail que vous avez mené jusqu’ici?
Guy Mettan : Dans mon travail journalistique et politique, j’ai toujours essayé de donner la parole à toutes les parties car j’estime que c’est indispensable si l’on veut comprendre ce qui se passe et créer les conditions d’un apaisement. Et c’est aussi le minimum que l’on peut attendre dans un pays qui respecte la liberté d’expression. C’est dans cet esprit que, au Club suisse de la presse, j’ai parfois donné la parole à des représentants serbes, et très souvent accueilli des représentants officiels et d’ONG du Kosovo, de l’Albanie et de la communauté albanaise en Suisse, et cela à des conditions de faveur et sans ménager ma peine. Les archives du Club ainsi que de nombreux intervenants et participants à ces conférences peuvent témoigner de cet engagement, qui m’a également valu des critiques de la part de certains Serbes.
Albinfo.ch : Vous avez imprimé, traduit et promu votre livre de façon très active. Qui finance ces opérations ? Autrement dit, avez-vous des liens directs ou indirects avec le régime de Vladimir Poutine ?
Guy Mettan : Je n’ai aucun lien direct ou indirect avec ce que vous appelez le régime de Poutine et n’ai reçu aucun financement de sa part. J’ai en revanche un lien avec la Russie à la suite de l’adoption de ma fille qui se trouvait dans un orphelinat russe au début des années 1990 et porte un prénom ukrainien. Mon livre porte sur l’histoire de la russophobie, qui est un sentiment xénophobe que je condamne, comme toutes les manifestations de xénophobie, y compris quand elles visent le Kosovo et ses habitants.
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